« Partons aujourd’hui sur les traces d’églises incroyables, un patrimoine trop méconnu aujourd’hui. Des édifices d’une très grande qualité architecturale qui témoignent encore aujourd’hui d’un passé troublé, des guerres et des pillages qui ont bouleversé notre région. La défense d’un axe stratégique dès le 12ème siècle et qui perdurera jusqu’au 17ème, avec notamment la guerre entre le Royaume de France et les territoires de la Maison des Habsbourg.
Je veux, bien sûr, parler des églises fortifiées de Thiérache que les habitants vont transformer au fil du temps en véritables forteresses imprenables ! ⛪️
Vous allez alors me dire que la Thiérache ce n’est pas l’Ardenne !… C’est pas faux, mais….
Il y a quand même un joli petit morceau de cette contrée qui vient se lover tout le long de nos Ardennes adorées.
Coup d’oeil sur ce patrimoine identitaire formé de ces édifices si particuliers de la Thiérache Ardennaise, côté France ! 👀 »
Au sommaire :
Un territoire étendu
Combien d’églises fortifiées en Thiérache ?
La Thiérache, un théâtre d’affrontements meurtriers
Quelles différences avec un château fort ?
La légende à l’origine des églises fortifiées !
Un véritable patrimoine identitaire à protéger
#1 Deux pays, deux provinces, trois départements
La Thiérache est en effet une région naturelle plutôt étendue. L’Ardenne n’en représente qu’un petit tiers environ. Elle s’étend sur trois départements français, l’Aisne, les Ardennes et le Nord appartenant aujourd’hui à deux régions françaises distinctes, les Hauts de France et le Grand-Est. Mais la Thiérache passe aussi la frontière pour s’étendre sur deux provinces belges, celle du Hainaut et celle de Namur.
Bien que plutôt dispersée, on reconnaît tout de même une certaine unité à cette région, avec des caractéristiques architecturales et paysagères très similaires. L’habitat y est dispersé, dans des maisons traditionnelles construites de pierres et de briques avec de belles toitures en ardoise. On retrouve également l’existence du bocage avec ses haies localement encore bien préservées, puis la présence de l’herbage, dans des terres plutôt vallonnées.
La Thiérache s’annonce géographiquement parlant
comme le contrefort du massif de l’Ardenne !
#2 Des églises fortifiées en nombre
Sur la centaine d’églises fortifiées que compte la Thiérache, seule une vingtaine se trouve sur la partie ardennaise de la Thiérache.
En effet, beaucoup de campagnes ardennaises sont directement défendues et protégées par leur Seigneur, en cas d’attaques ennemies. C’est le cas notamment avec les ducs de Rethel ou encore les comtes de Grandpré plus à l’Est, vers l’Argonne. Les villageois sont alors moins tentés de fortifier leurs églises, ce qui parait logique !
Par contre, les populations qui vivent alors sur les Terres des Chanoines de la cathédrale de Reims, se sentent eux beaucoup moins en sécurité. Des Terres qui en plus, se situent pile entre les terres protestantes sedanaises et les terres des Ducs de Guise ! En plus des autres conflits qui avaient déjà frappé la Région, tous les moyens étaient bons pour se couvrir.
Les églises fortifiées deviennent alors le dernier refuge des villageois lorsque les troupes militaires belliqueuses traversent la région !
#3 La Thiérache : Théâtre d’affrontements meurtriers
De part sa situation géographique, la Thiérache est depuis toujours le théâtre de guerres sanglantes et de combats acharnés.
Située aux confins du Royaume de France, à la frontière avec l’Empire germanique et les Pays-Bas espagnols, elle devient malgré elle le carrefour des routes des invasions. Anglais, Autrichiens, Hongrois, Espagnols, mercenaires français et espagnols, pillards hollandais…
De la Guerre de Cent Ans (1337 – 1453) à la Guerre franco-espagnole (1635 – 1659), en passant par la guerre de Trente Ans (1618 – 1648), les guerres civiles et la Fronde (1648 – 1653), ce sont aussi les guerres de Religion (1562-1598) qui se jouent sur ces terres de Thiérache. Elles rythment la vie des habitants.
Le contexte géo-politique posé, il devient plus aisé de comprendre pourquoi un tel déploiement de force avec ces églises ressemblants à de petits châteaux ! Ces bâtisses répondent à la demande de protection des villageois !
La communauté peut alors s’y réfugier et y tenir un siège, tout en se défendant comme dans un château imprenable. Les fortifications des églises sont d’une efficacité redoutable !
#4 Des défenses dignes d’un château-fort !
Les églises de Thiérache sont fortifiées pour la plupart entre le 12e siècle et le 13e siècle. La majorité d’entres elles sont renforcées à l’aide de canonnières. Il existe alors deux types de défense.
La première, la plus spectaculaire consiste en la construction d’un grand donjon de pierres ou de briques ajouté à l’espace liturgique.
La seconde, tout aussi étonnante, réside dans l’ajout de tours et échauguettes percées de meurtrières.
On dénote aussi plusieurs caractéristiques communes à ces édifices, à la condition d’être bien attentif ! En fonction de là où se situe l’église, la fortification ne sera pas organisée de la même façon ! 🧐
En effet, si la bâtisse se situe sur le point haut du village, l’intérêt premier est de s’en servir comme point d’observation ! La pente d’accès, parfois raide, est déjà à elle seule un élément de défense incontestable ! (Exemples : Englancourt ou Esquéhéries). Ajoute à cela quelques haies plantées pour éviter le ravinement et tu te retrouves encore avec un nouvel obstacle à franchir !!!
Par contre, si l’édifice se retrouve sur une surface plane, il va juste falloir la surprotéger ! Rien de plus simple, comme pour un château fort, on ceinture l’église de remparts. Enfin de maisons qui feront office de remparts. Les constructions rapprochées ne permettant l’accès que par de petites ruelles étroites. (Exemples : Macquigny et Rocquigny)
Selon les cas, on retrouve parfois les deux techniques associées sur la même église !
(Exemple : Rozoy-sur-Serre)
C’est ce que l’on appelle la structuration défensive par adaptation à la topographie.
#5 La légende des églises fortifiées
Selon une légende entourant les églises fortifiées de Thiérache, elles sont le fruit de l’imagination d’un seul homme ! En effet, les conseils municipaux savaient qu’il fallait bien trouver une solution pour mettre les villageois en sécurité, mais n’avaient aucune idée de comment faire.
Jusqu’au jour où se présenta à Vervins un maître charpentier, compagnon du devoir inconnu de tous, en quête de travail. Prenant connaissance de la situation compliquée dans laquelle se retrouvaient les villageois à chaque nouvelle attaque, il eut l’idée de plancher sur la fortification d’un lieu que tous les villages ont en leur sein, les églises !
“Pourquoi vos églises ne mettraient-elles pas en sûreté vos enfants en cas de péril ?”
Un soir, alors qu’il se trouvait dans cette auberge, siège des compagnons-charpentiers, il monta dans la salle des cours. Une salle réservée aux apprentis et ouvriers qui travaillaient là les principales difficultés que l’on peut rencontrer en charpenterie.
L’inconnu prit un crayon et une feuille de papier et commença à dessiner une église. Mais pas n’importe quelle église !
Sans coup de gomme ni retouche, il dessina des tours rondes encadrant le choeur, les nefs latérales et la façade. Des mâchicoulis se situent juste au dessus de la porte centrale, et des créneaux qui entourent l’édifice.
« Qu’en pensez-vous, mes amis ? »
« Félicitations pour votre coup de crayon, mais l’idée tracée sur votre planche nous paraît étrange, camarade : une église est une église, et un château est un château, une forteresse une forteresse. Pourquoi cet assemblage de diverses réalités ? »
« Ma vie est la vie, le religieux et le civil s’imbriquent, pourquoi toujours vouloir tout séparer en tranches distinctes ? J’ai entendu dire que les populations des campagnes de Thiérache étaient bien exposées au brigandage et aux violences, j’apporte une solution au problème. La plupart de vos églises furent construites vers le XIIe siècle mais ont l’air encore bien solides. Pourquoi n’accueillirraient-elles pas et ne mettraient-elles pas vos enfants en sûreté en cas de péril ? »
Après les esquisses, l’inconnu s’applique à construire quelques maquettes. Des églises miniatures assemblées avec une précision inédite. Trois jours plus tard, les chefs d’œuvres étaient terminés.
L’enthousiasme fut tel que les membres des compagnons du devoir présentèrent sans attendre les projets aux conseillers municipaux. Bientôt, quelques soixante chantiers furent ouverts. Toute la région vibrait des coups de pics et de marteaux et cinq ans plus tard, la plupart des chantiers étaient terminés.
Mais le maître-charpentier, l’inconnu de Vervins,
avait disparu aussi mystérieusement qu’il était apparu…
#6 Un patrimoine identitaire à protéger
Construites il y a maintenant plusieurs siècles, les églises fortifiées sont des témoins encore vivants de l’Histoire de notre région. Des témoins d’un temps révolu et troublé mais qui a énormément participé à ce que nous sommes devenus aujourd’hui !
Un patrimoine identitaire d’une grande rareté sur le territoire national mais dont la concentration en Thiérache annonce le caractère remarquable de ces églises. Et dont les spécificités de chaque système de défense singularise parfaitement chacune des fortifications.
Un patrimoine d’une très grande qualité, qu’il nous faut aujourd’hui préserver, protéger et mettre en valeur.
Ce patrimoine est mis en valeur depuis la création du circuit “La Route des églises fortifiées de Thiérache”. Cent Cinquante kilomètres qui mène le vadrouilleur entre paysages de collines et de bocage typique Thiérachien. De la forêt de Signy-le-Petit aux maisons fortes d’Antheny ou de Rumigny en passant par le relais des postes à chevaux de Launois sur Vence, il n’y a plus qu’à suivre les panneaux ! 😉
Et voici pour finir, pour les plus curieux d’entre vous :
les Églises remarquables de ce circuit :
- Signy-le-Petit – Église Saint-Nicolas
- Fligny – Église Saint-Étienne
- Bossus-lès-Rumigny – Église Saint-Martin
- Rumigny – Église Saint-Sulpice
- Aouste – Église Saint-Remy
- Prez – Église Saint-Martin
- Liart – Église Notre-Dame
- Rocquigny – Église Saint-Christophe
- Dommery – Église Sainte-Marie-Madeleine
- Launois-sur-Vence – Église Saint-Étienne
- Laval-Morency – Église Saint-Étienne
- Remilly-les-Pothées – Église Saint-Martin
- Rouvroy-sur-Audry – Église Saint-Étienne de Servion
- Havys – Église Saint-Géry
- Flaignes – Église Saint-Laurent
- Antheny – Église Saint-Remy
- Tarzy – Église Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette
Et même si elles ne sont pas fortifiées, j’ajoute à la liste :
- Signy-l’Abbaye – Église Saint-Michel
- Saint-Marcel – Église Saint-Marcel
Elles ne sont pas loin de votre itinéraire 😉
Un très bel exposé pour présenter ce patrimoine trop inconnu à mon goût et qui mérite de l’être. Je vais poursuivre ma recherche sur ces églises fortifiées et rédiger un article pour la Revue nationale du lions Clubs International tirée à 30 000 exemplaires et lu sur le site international dans le monde entier. Je ne doute pas de l’intérêt qu’il suscitera et de l’impact qu’il ne manquera pas d’avoir chez nos lecteurs.
Bonjour
Nous sommes 3 seniors belges qui seront présents 1 semaine
encore à définir(entre le 16 et le 30 octobre)dans votre région.
Comme nous ne connaissons pas bien votre région,pouvez-vous
nous envoyer une documentation sur;
les musées,chateaux, monuments religieux et les plus beaux
villages de votre belle région.
Comme nous sommes des septuagénaires,nous préférons recevoir
de la documentation papier car
nous ne maitrisons pas bien l’informatique(ce n’est pas
évident à notre age plus de 70 ans)
Voici mon adresse
Mr et Mme MAHIEU-PICAS
23 rue du BOIS-BOURDON
7080 FRAMERIES
BELGIQUE
Encore merci